Tu sévis surtout en Normandie, d'où est tu originaire ? Du Havre mais j'ai fait des études à Amiens & à Bruxelles en 98, 99.
Comment es-tu tombé dans le graffiti ? Vers l'âge de 14 ans j'ai vite été passionné notamment en regardant les graffs depuis les trains à proximité de certaines gares, (Paris, Bâles). A cette époque, au tout début des années 90, il n'y avait pas internet ni tout ce qu'on peut trouver en rapport avec le graffiti aujourd'hui. Cela rendait la chose moins saisissable, plus excitante. On utilisait des bombes basiques style « Ilcor », tu devais apprendre les rudiments et techniques tout seul. Avec Nefaze nous partions à Paris et en banlieue pour dénicher des graffs, on longeait des voies ferrées, visitait des terrains et on allait à « Ticaret » un des rares magasins Hip hop de l'époque...
Comment as-tu trouvé ton pseudo ? Que signifie "Kero" ? C'est un clin d'œil au style de reggae « rockers » des années 70. Tu te souviens de ton 1er graff ? Oui c'était en 1993 dans la cour d'un ami. Un lettrage fait avec des Ilcors sur un mur en parpaing, c'était l'époque du « couscous clan ».
Fais-tu partie d’un crew ? J'ai fait parti du collectif BIZ de 1994 à 2005 et de l'association SIGNES dans les années 2000.
Qu’elle est la place du graffiti dans ta vie ? C'est ce qui m'a passionné au départ et qui m'a ouvert sur le dessin et la peinture.
Ta meilleure expérience en graff ? La décoration du back stage du festival Dour en juillet 2006. Grâce à un ami qui a des connections avec le staff de Dour, nous avons pu peindre des contre-plaqués qui ont servi à décorer le back stage. On a tenu aussi un stand avec nos tee-shirts qui à très bien marché. C'était une pure ambiance conviviale et musicale pendant 4 jours.
En parlant d’anecdotes en as-tu une à nous raconter ? Une mésaventure en 98 à Bruxelles. Je peignais dans un hôpital désaffecté avec deux gars et l’on s'est fait cueillir par la gendarmerie : garde à vue et saisit du book avec plein de dessins de mes années au lycée. Je vais réessayer de le récupérer mais ce n'est pas gagné...
Ton travail est inspiré par l’art Africain. Comment définirais-tu ton style actuel ? C'est un mélange avec du graffiti, mes masques et logos et des choses plus classiques, des vues du Havre notamment.
Quels sont tes liens avec l’Afrique ? Mon 1er voyage date de 1994 au Congo RDC, ça a été une grosse claque et m'a donné envie de voyager encore plus en Afrique. Depuis j'ai séjourné au Sénégal, en Gambie, en Algérie et au Mali ou j'ai des liens familiaux et de bonnes connections avec des artistes locaux. J ai pu faire quelques graffs là bas.
Tu travailles beaucoup sur toile. Quelles techniques utilises-tu ? Il y a des toiles que je fais uniquement au pinceau en utilisant de la peinture acrylique. D'autres ou je mélange les techniques : bombe, marqueur, sérigraphie. Au Mali, j'ai pratiqué le bogolan, une teinture naturelle faite à base d'une plante, on s'en sert comme de la peinture ou de l'encre pour peindre sur du tissu. J'ai aussi expérimenté de la peinture pour carrosserie très bon marché qu'on trouve partout là bas. Combien d’expos as-tu faites jusqu’à maintenant ? Une vingtaine.
Que penses-tu de la scène graffiti Havraise ? Il y a du potentiel et du nombre. Malheureusement on manque d'espace pour s'exprimer. Ce qui est dommage c'est qu'il y a très peu de graffs dans les quartiers où pourtant les murs ne manquent pas. Quel est ton sentiment vis-à-vis des autres formes d’interventions urbaines. Pochoirs, collages, détournements. Enfin tout ce qu’on qualifie de Street art ? Outre le graff bien évidement, j'apprécie toutes les interventions urbaines surtout les stickers et les affiches, c'est légitime et il en faudrait plus ici ! On pratique mais le problème au Havre c'est qu’ils sont très vite enlevés.
Ta vision du graff a-t-elle changé avec le temps ? Non pas vraiment, c'est un art qui se développe et qui s'internationalise, tant mieux !
Tu écoutes quoi en peignant ? Du reggae, du son africain, de la soul, du rap. Comment vois-tu ton avenir ? Continuer les expos, essayer d'en faire dans d'autres villes, développer des projets pour peindre des murs.
As-tu une dédicace à faire ? Ma famille, mes potes : Nefaze, Meda, Slimane, Dj Keem, Phil, Zenor, Termik, Nico Drabaye, Kejo, Adama, le vieux, Jolek, Nicocodub, Usound, Mc Oliva, Aidan, le Serpatcrew, Kesta, Djar one, Bside, Prems, L2A …
Propos recueillis par Mr Yak Le Havre, mai 2015.
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Commentaires
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