De Métal Hurlant au long métrage d’animation.
Petite discussion avec Tramber rencontré au festival de BD d'humour "Lagaléjade" le 13 juillet 2009.
Tramber bonjour, sur quoi travaillez vous en ce moment ?
J’ai deux bouquins en route sur la Bretagne, mais je suis en panne depuis un petit bout de temps à cause de différents problèmes.
Mais surtout en ce moment avec Jano nous bossons sur un film, un long métrage d’animation sur le bluesman Robert Johnson*, un des tout premiers guitar-héros, un Jimmy Hendrix avant l’heure.« Love in vain » des Rolling Stones c’est lui, on connaît tous un de ses morceaux sans savoir que c’est du Robert Johnson.
Dans ce long métrage, Jano fait les dessins et moi le scénario et le script, on a déjà un gros bottin de textes.
C’est du boulot, du très gros boulot, nous y sommes depuis quatre mois et demi environ et nous sommes loin d’avoir fini, cest une autre façon d'écrire, de dessiner. Ça nous apprend d'autres choses mais quand on en sort on a la tête comme ça !
Et je ne te parle pas du financement, du prix de l’animation, le producteur parle de 5 ou 6 millions d'euros pour commencer, du temps pour réaliser l’énorme quantité de dessins nécessaires.
Mais nous sommes contents, il y a même une petite démo de 1 minute sur internet.
Donc la BD en elle même est mise un peu de côté en ce moment ?
Hé oui ! on ne peut pas concilier les deux, et puis il y a la vie, la vie normale, pour tout le monde les choses deviennent de moins en moins sympa, plus compliquées.
Il est loin le temps de Métal Hurlant, c’est quand même le magasine qui a révolutionné la BD, à l’époque rien n’existait de pareil.
Ho oui ! ça parait loin, avec le recul et plus particulièrement maintenant, c'est encore plus flagrant, sans être prétentieux, on peut se dire que cette aventure n’était pas une erreur, ce magazine à passé les époques et fait des vocations, beaucoup de l’équipe sont toujours là et ont marqué une génération de lecteurs.
Mais on bossait tellement, on était tous tellement dedans que l’on ne s’est rendu compte de rien, c’est après comme je disais que l’on a vu l’impact que nos BD avaient eu sur les gens.
Nous nous rendions bien compte pendant les séances de dédicaces qu’il y avait du monde mais je le redis on n’aurait jamais pensé que ce style de BD allait marquer ainsi une partie des jeunes de l’époque.
On n'a pas à se plaindre, c’était une époque intense, vraiment on ne regrette rien.
Que pensez-vous de l’art urbain, les graffs, les pochoirs ?
Ca m’a toujours plu, surtout maintenant ou on n'a plus le droit de rien foutre,
Ça m’intéresse car c’est un art populaire et spontané.
Mais justement c’est un art que l’on voit de plus en plus dans les galeries.
C’est un paradoxe, hé oui ! Comme d’habitude le système récupère tout, cela devient un art. C’est une bonne chose et en même temps une mauvaise chose. Une bonne chose parce que l’on reconnaît ainsi le boulot des gens et une mauvaise parce que cela devient vite un objet marchand, je ne critique pas le gars qui arrive à se faire de l’argent avec son travail, mais quand on voit les prix dans les galeries !
Quand c’est bien pensé, bien travaillé, qu’il y a de la recherche, c’est vraiment un truc que j’aime bien.
Propos receuillis par Mr Yak
Le 13 juillet 2009.
* Robert Leroy Johnson, (né le 8 mai 1911 et mort le 16 août 1938) était un guitariste et chanteur de blues américain. Bien que n’ayant commencé à enregistrer que trois ans avant sa mort, Robert Johnson est devenu une légende et une grande source d’inspiration pour des artistes tels que Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Bob Dylan,The Rolling Stones ou encore Eric Clapton et Cream. En 2003, le magazine Rolling Stone l’a classé 5ème meilleur guitariste de tous les temps.
Source Wikipédia.
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