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Le Havre de Graffs

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- Interview du peintre David Karsenty.


Rencontre « So Cult » avec le peintre David Karsenty lors de son exposition au Havre. (…)


Invité par l’artiste, confortablement attablés pour un déjeuné au Bord’eau au milieu de ses toiles exposées, David Karsenty, avec passion, m’a aimablement parlé de son travail.

David Karsenty bonjour, vous habitez au Havre, êtes vous originaire de la région ?
Oui, je suis né le 10 juillet 1972 à Harfleur tout à côté.

Votre exposition actuelle démarre très fort, il y avait beaucoup de monde à votre vernissage. Vous attendiez vous à tant de succès ?
Succès est un mot à part, j’espérais beaucoup de visiteurs, quand on montre son travail on a envie qu’il y ait du monde qui vienne vous découvrir, que les personnes apprécient votre travail c’est un autre sujet. Cela m’a fait plaisir que les personnes invitées répondent présent à cet évènement.


Vous étiez créateur de vêtements, comment êtes vous arrivé à la peinture ?

J’avais une boutique de customing de t-shirts en séries limitées. Je créais un logo travaillé sur ordinateur que je déclinais sur des t-shirts de couleurs toutes différentes. Les gens portaient donc des pièces uniques. Car ma vision de l’art c’est qu’il soit accessible à tout le monde et sur tout support. L’art ce n’est pas qu’une toile, ça peut être de l’impression, de la lithographie, l’art peut être décliné sur beaucoup de supports en fait. J’ai envie d’avoir un large éventail de possibilités pour m’exprimer.
La peinture a toujours été une passion latente mais je n’ai pas pu faire une école d’art car je viens d’une famille où il fallait faire et réussir des études générales. L’art y était considéré comme un hobby et non pas comme un métier. Mais cela fait maintenant trois ans que je ne fait plus que ça.

Vous êtes très productif, c’est un besoin de peindre autant ?
J’ai vraiment besoin de peindre. Je peins tous les jours, j’estime que c’est devenu mon travail. Comme chaque personne qui travaille je me lève le matin pour peindre, pour travailler mon art. Je prends aussi beaucoup de notes, j’observe ce qui se passe autour de moi et note des idées. Idées que je n’utilise des fois que bien plus tard. J’ai plusieurs toiles en cours en même temps et ces petites notes m’aident beaucoup.

Votre slogan « l’art et la matière » défini parfaitement votre travail.

C’est un slogan que me tiens à cœur. Art pour mon art bien sûr et la matière… J’ai un amour particulier pour ce mot, il se rattache à un souvenir d’enfance. Ma grand mère Pied noir changeait un peu les mots et dans sa cuisine le mot matière remplaçait le mot beurre ou farine, bref, sa matière c’était les ingrédients de ses petits plats. Cela m’est revenu, cette phrase est jolie, l’art et la matière de faire, l’art et la matière à travailler, matières à mélanger, à peindre et aussi matières comme matériaux à utiliser.

Qu’utilisez-vous pour transformer vos tableaux en de véritables sculptures sur toiles et comment obtenez-vous ce relief, cette texture ?
Avec des matériaux comme le plâtre ou la résine qui sont des matières brutes et d’autres nobles comme la feuille d’or ou d’argent, le papier de soie. J’aime bien mettre ses deux matières en opposition afin de créer un impact visuel.
Sculptures ? Non pour moi la sculpture ne se fait pas sur toile. Je dirais un travail sur les amalgames de matières, un travail sur la résine, sur le plâtre allié à la peinture sur toile.
Le relief, les creux, les bosses ont un petit rapport avec le bas relief si on veut.
Mais ce que je recherche c’est le travail sur le volume, la profondeur, les reflets, le mat et la brillance, la maitrise des coulures.

Votre travail a un coté Pop par certains aspects, Street-art par d’autres, quelles sont vos influences ?

Je suis d’une génération qui adore les années 80. C’est à ce moment là que le Pop et le Street art ont commencés à être connus du grand public. Mes influences sont Tàpies, Pollock pour les couleurs, Soulage pour la matière, pour ses noirs, les écoles de peintures Américaines des années 50, Warhol. Enfin beaucoup d’artistes Anglos Saxons.
J’ai inclus Soulage qui est Français mais c’est le peintre vivant qui a exposé plus aux Etats-Unis qu’en France. Il a d’abord été connu là bas avant d’être apprécié dans son pays.

Avez-vous fait de la rue ?

Non mais cela ne saurait tarder, qui sait ?

Que pensez-vous de l’art urbain, du graff, des détournements d’affiches, du pochoir ?

Evidement j’aime bien, je suis pour la démocratisation de l’art et des gens qui s’expriment de cette manière ne peuvent que me plaire. L’affichage me permettrait de montrer, multiplier, décliner mes icones.
Le détournement d’affiches est l’un des nombreux talents de Jace, il excelle en la matière.
J’apprécie beaucoup le graff mais ne suis pas fan du lettrage. Le lettrage il faut entrer dedans, la fresque par contre te saute aux yeux, tu englobes la scène du premier coup d’œil.
La rue est une galerie à ciel ouvert mais il ne faut pas oublier le côté financier. Si on veut être connu il faut passer en galerie. Les galeries d’art l’ont bien compris et exposent l’élite du Street-art. C’est dans l’air du temps mais je comprends très bien que des artistes urbains n’acceptent pas le jeu de ces expositions légales.

Vous travaillez beaucoup sur le thème du dieu dollar, l’hymne au pognon, quels rapports entretenez-vous avec l’argent ?
Déjà j’aime l’esthétique du billet et ses nombreux symboles et puis ce billet est connu et accepté dans le monde entier.
Le travail avec le dollar est né d’une réflexion sur la crise, notre vie est basée sur l’argent. Avec des dollars tout est « possible ».

Dans votre nouvelle série «So Cult » vous faites apparaître des personnages emblématiques du monde Disney entourés des fameux dollars. C’est Mickey qui est visé où le symbole Américain ?

Les deux, le pays où tout est possible avec de l’argent et les personnages qui font rêver les enfants et qui sont en fait des boites à fric. Je ne veux pas me moquer de ce pays que j’aime beaucoup mais seulement lui faire un petit clin d’œil ironique. Déclencher un petit sourire devant la toile.

Sur vos tableaux se sont de vrais billets de banque ?
Oui de vrais billets de 1 dollar colorisés. Et quand vous me verrez coller des billets de 100 sur mes toiles c’est que j’aurais trouvé le bon chemin. (rires)

Une de vos toiles représente des super héros de comics Américains, pourquoi y introduisez-vous Super Mario qui est une icone Japonaise.

Les supers héros US sont là dont le plus emblématique, Captain America. Pour Super Mario j’ai juste voulu représenter une créature autre qui monte à l’assaut d’un gratte ciel.

Dans vos tableaux actuels vous travaillez moins le relief mais introduisez de nouvelles couleurs, vous tournez vous vers des techniques plus classiques ?
C’est vrai que j’ai privilégié le côté « So cult » en délaissant un peu le travail sur le relief. J’y ai mis un peu de matière quand même mais surtout de l’ironie. Mickey, Donald sont des supers héros pour moi.

Qu’écoutez-vous comme musique ?
Beaucoup de musique Française, j’aime les beaux textes, les belles phrases. J’écoute aussi de la musique électronique, du Trip Hop.

Quels sont vos maîtres ?
J’en ai déjà parlé mais je peux dire, Picasso, Soulage, Basquiat, Harring, Warhol, Tàpies…..

Quels sont vos projets, vos aspirations ?
Travailler, exposer, développer mon travail sur l’icône, sur « So cult », y réintroduire de la matière. Trouver des salons, des galeries pour montrer mon travail.
Relancer le concept des T-shirts en séries limitées en utilisant le dollar sur mon thème « Polaroïd »
Peut être refaire un tour aux Etats-Unis, j’aime bien l’émulation artistique que l’on retrouve à Soho ou Chelsea. Toutes ces galeries d’art indépendantes sont tournées vers l’art moderne. Par contre je dois vous avouer que l’art conceptuel n’est pas ma tasse de thé.




David Karsenty, merci pour cet agréable moment passé ensemble, merci d’avoir avec gentillesse répondu à toutes ces questions, merci pour le prêt des reproductions de vos tableaux de la mini galerie de vos œuvres.

Propos recueillis par Mr Yak
Le Havre le 11/03/2010

Exposition David Karsenti
Le Bord’eau jusqu’au 31 mars.
lire l'article.

Site officiel de l’artiste : David-Karsenty.com


























 

Commentaires  

 
+1 #1 DAN 16-03-2010 17:07
Je sort de "mon" monde avec cet artiste. Un monde où la matière n'est pas au service d'une œuvre mais est œuvre elle même, là est la difficulté de son art !
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+1 #2 buddy2259 16-03-2010 21:28
Très beau reportage qui nous permet de découvrir cette figure du terroir !
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+1 #3 phyll 17-03-2010 12:21
Bravo et merci pour ce reportage ! du vrai travail de PRO !!!
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+1 #4 philzoc 20-03-2010 20:10
Merci pour la découverte et le partage !
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0 #5 lefebvre david 24-03-2010 10:52
big -up mr yak!!!! tu retranscris trés bien mes propos!!! heureux d'avoir partagé ce moment avec toi.

amitiés

DAVID
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0 #6 lefebvre david 24-03-2010 11:00
big -up mr yak!!!! tu retranscris trés bien mes propos!!! heureux d'avoir partagé ce moment avec toi.

amitiés

DAVID:-):-):-)
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+1 #7 Laurent 05-05-2010 14:15
Entre Yak et David l'osmose est parfaite ! l'envie de connaître et de faire connaître l'artiste est évidente chez Yak ! L'envie de faire partager son art et son talent est évidente chez David ! Ils sont 2 et ne font qu'1 !
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