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Le Havre de Graffs

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- Interview de Pares, graffeur.

Rencontre au Havre avec Pares de la GSM, signature du graff
bien connue de notre région.

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Pares bonjour, vous êtes né à Sainte Adresse en 1984, vous avez commencé à graffer très tôt, comment cela à commencé ?

Pour moi le début c’était en 95, 96, j’étais jeune et j’ai scotché sur le délire. J’ai commencé à tagger ma cage d’escalier, puis le quartier, ensuite j’ai découvert le monde du graffiti dans les terrains vagues. Mais j’ai vraiment attaqué en 98 quand j’ai rencontré la NSA, un crew qui débutait à cette époque, des mecs de mon âge.

Comment devient-on gaffeur ? Je présume que vous ne vous êtes pas réveillé un matin en vous disant « Tiens ! Aujourd’hui je m’achète une bombe et je vais attaquer le mur du voisin » comment avez-vous débuté ?

Au mont-Gaillard, il y avait un graffeur qui s’appelait FYNES, tout le monde le connaissait car il était très fort, il habitait mon immeuble et un jour il m’a bluffé. Il est parti d’un petit garage près de chez moi, a contourné Mont-Gaillard, descendu la rue du Bois aux coqs et jusqu’à Jenner a tout dépouillé sur sa route. A la base j’aimais dessiner, je reproduisais toutes les BD de l’époque, j’étais déjà donc à fond dans le dessin et quand j’ai vu le boulot de ce mec là, je me suis dis « voila ce que je veux faire ».
C’est à ce moment là que j’ai commencé, je me suis fait contaminer, maintenant que j’ai ça dans le sang, je ne peux plus m’en décrocher.


Et pourquoi avez-vous choisi cette forme d’expression ?
Dans mon quartier, par désœuvrement, il y avait des mecs qui cassaient les carreaux, qui traficotaient, moi mes bêtises ça s’arrêtait au graff.
Avec le graff tu acquiers une certaine notoriété, pas physiquement mais on voit tes signatures, il y en a plein qui peuvent dire « ce mec là je le connais, il pose sa signature un peu partout ».

Essayez vous au travers de vos graffs de faire passer un message ou travaillez-vous uniquement pour le plaisir de faire partager vos créations ?
Jamais de message, ou très rarement. La seule chose qui m’intéresse c’est de m’exprimer à fond, de travailler au maximum, utiliser mon savoir faire.

De plus en plus d’artistes de l’art urbain sont exposés dans des galeries ou des musées, à Paris le Grand Palais par exemple à déjà accueilli depuis le début de l’année plusieurs expositions de graffeurs, Jonone y fait des « live performances » que pensez vous de cet engouement ?
Au musée le graff devient de l’art, c’est bien pour le monde du graffiti, tout le monde a le droit de voir son art reconnu. C’est une bonne façon pour les graffeurs de sortir du côté « vandals » et peut être qu’un jour les gens verront d’un œil différent le mec qui graffe dans la rue. Mais attention le mec qui se dit graffeur et expose aussitôt en galerie ne sera pas crédible, il faut avoir fait de la rue avant et savoir ce que c’est, sinon vite fait il se fera passer pour un branquignole. Jonone bien que reconnu par le public continue la rue, mais il passe sans doute moins de temps au poste de police.
Les galeries sont un bon moyen de se faire connaître, j’espère pourquoi pas y être un jour, ça doit faire vraiment plaisir de voir son travail reconnu.
Mais à la base tu n’y penses pas, tout ce que tu veux c’est poser sur tout ce qui est faisable, avoir le côté adrénaline de l’affaire, se cacher des keufs. C’est un jeu en fait.

Il y a un paradoxe dans cette reconnaissance par le monde de l’art et le côté délictueux qui est le propre du graff, comment l’expliquez-vous ?
Du moment que ça passe en galerie, c’est de l’art, et l’art c’est du pognon et le pognon est le plus fort, il n’y a que lui qui dirige le monde, ça efface les délits.

Justement en parlant de reconnaissance, certains graffs en pleine ville, notamment ceux de Jace sont respectés au Havre, tout le monde les connaît et personne n’y touche, mais il y a aussi le tag. Vous ne croyiez pas que le tag fait du mal au graff ?
Le tag c’est de là que tout est parti et pour tout le monde, maintenant je fais de la fresque mais les deux sont indissociables. Je n’ai pas changé ma façon de penser, le tag c’est le début, t’as 16 ans, t’as scotché sur un graffiti dans la rue, tu prends un marqueur et…

Et en parlant de délits, quels sont les rapports que vous entretenez au Havre avec la maréchaussée ?
Moyen c’est évident, ils ont des ordres, dans quelques rares endroits, ça va, ils nous laissent relativement tranquille. Mais la dernière fois pour les graffs hommage à Jimy sous le pont Jean-Jacques Rousseau, on a fait 15h de garde à vue pour une connerie. Ca fait 10 ans que ce mur est peint, quand l’association s’est ouverte, ce mur c’est moi qui l’ait entamé et depuis personne ne nous y a jamais fait chier. Ce jour là pour ces graffs « RIP » les flics ne disaient rien, ça se passait bien mais ça a gêné un riverain qui a porté plainte. Et là sous ce prétexte on a vu arriver la police nationale, la municipale et la police ferroviaire, c’est souvent les gens qui appellent les flics quand ils voient un mec avec une bombe.
Il n’y a de moins en moins d’endroits pour graffer, les friches disparaissent ou son complètement clôturées et gardées, en plus les gens font un amalgame entre un gars qui entre dans un terrain abandonné juste pour le graffiti et les personnes qui viennent pour le cuivre et pour dégrader, alors cela devient chaud.
Il y a une bonne femme qui m’a dit il y a quelques temps « vous les jeunes, le graffiti c’est pour exprimer votre mal-être » Alors là ! faut arrêter, c’est juste de l’art, il n’y a pas de mal-être. Le mec qui fait du graffiti est bien dans sa tête justement, il a une passion et il vit son truc, c’est tout le contraire. Pour moi le graff m’a permis justement de ne pas faire de conneries même si à la base c’est une connerie, j’aurais pu être casseur de voitures, braqueur, vendre de la drogue mais vu que j’étais dans mon truc, ça m’a calmé, canalisé.

Vous n’êtes pas le seul au Havre combien pensez vous être à utiliser la bombe ?
Houlà ! Je n’en sais rien, cela faisait 5 ans que j’étais plus ou moins en stand by en dehors du Havre et quand je suis revenu j’ai découvert une multitude de nouveaux graffeurs, des petits jeunes qui débutent, la nouvelle génération et je n’en connais pas la moitié. Les graffeurs de mon époque pour la plupart sont partis dans une autre ville ou ont arrêté. Du monde des années 2000, il n’y a quasiment plus personne.

Bien souvent vous êtes organisés en crew, qu’est ce que vous apporte le fait de travailler à plusieurs ?
Le fun, l’ambiance, c’est plus sympa de travailler à plusieurs, notre crew la GSM, c’est tout d’abord une histoire de potes, c’est la famille quoi !

Justement, GSM ça veut dire quoi ?
Ce que tu veux, au début il nous fallait trouver un nom et en 3 lettres comme la plupart des crew, alors GSM pourquoi pas ! Les lettres nous plaisaient bien mais ça n’a aucune signification.

Je croyais que c’était parce qu’il y avait MG, Mont-Gaillard dedans ?

Pas du tout ! bien qu’on soit pour la plupart du Mont-Gaillard, le nom n’a rien à voir, mais ça reste notre quartier quand même. D’ailleurs grosse dédicace à Din Records et toute l’équipe c’est vraiment des gens bien, j’ai un pote qui y travaille. C’est une équipe de bosseur.

Il existe de nombreux styles de graffs, dans quel genre vous exprimez vous ?
Ben moi je fais tout, je touche à tout, au contraire il n’y a rien qui m’arrête, il faut que j’y arrive, si je me mets à fond dedans il n’y a pas de soucis. Je fais maintenant surtout des personnages mais avant j'étais plus lettrage car c’est comme ça que l’on commence, j’ai fait de tout, 3d, tag, bloc. J’ai la chance de faire du perso et c'est ce qui attire le plus l’œil, une personne qui ne connaît pas le graff va rester bloquée sur le personnage de la fresque plutôt que sur le lettrage et s’il est réussi c’est l’ensemble qu’elle va regarder.


Comment travaillez-vous ? Vous choisissez votre sujet par rapport au support repéré, vous faites des croquis préparatoires ? Quel est votre méthode ?
Ca dépend, souvent j’aime bien me mettre devant un mur et partir de rien, partir sur un trait mais ce n’est pas toujours le cas. Il arrive que l’on ait des grosses connections sur un thème avec des gens importants, dans ce cas là c’est plus prise de tête avec croquis, traçages etc. Moi je ne me prends pas au sérieux dans le délire, je suis un peu fainéant, Pares ça veut tout dire. Je ne trace pas de lignes, je prends une photo d’une main et la bombe de l’autre et je fais de la repro à l’échelle. C’est une façon de faire que l’on retrouve souvent dans le graffiti. Il y en a qui travaillent au quadrillage, moi je n’aime pas, si je rate je rate, et je suis obligé de me reprendre.

Le matériel, les bombes sans compter le risque et les amendes tout cela coûte cher, cela ne vous fend pas le cœur de savoir que vos œuvres sont éphémères ?
Non pour moi ça fait partie du jeu, je ne peins pas pour que mon graffiti reste, une fois fini je rentre la photo dans mon ordinateur. Tu sais très bien que tôt ou tard ce tu as créé va disparaître, de tout ce que j’ai fait il n’en reste que très peu. Quand j’ai commencé il y avait des plus forts que nous, les anciens qui eux quand ils se posaient quelque part te repassaient, c’est le jeu, alors nous on continue et tant que j’ai ma fameuse photo ça me va. On est pas à Paris, là bas il y en a qui ne rigolent pas et ça peut être violent.


Vous arrive-t-il de travailler sur commande ?
Oui bien sur quand j’ai un plan pour une devanture ou une déco intérieure. Moi quand je travaille pour quelqu'un je me plie à ce qu’elle désire et reste dans le thème que le client a choisi. Je n’arrive pas avec des choses toutes prêtes, je pose des questions, me fait une idée de ce que l’on me demande en essayant toujours de m’en approcher au plus prêt.

Nous parlions de Médine tout à l’heure, à part son Rap qu’écoutez-vous comme musique ?
A part le rap, je peux écouter toutes sortes de musiques, par contre si il y a du hard- rock ou du zook je me barre.

A part le graff bien sûr, êtes vous tenté par les autres formes d’expressions du Street art, le pochoir, le collage, le détournement ?
Non rien de tout ça pour le moment, mais un jour qui sait...

Et dans l’avenir, quels sont vos projets ?
Faire de mon fils un graffeur et essayer de vivre de ma passion.

Pour finir, je voudrais faire une grosse dédicace à mon équipe : MYCK SHOZE REASK DOUZ (GSM Crew "On es al wech") et à notre entourage, Damien, Gégé, Sarah, Bruno, Thomas, Lulu, Popols, Antoine, Jérémy, Annabelle, Lili, D'joss, Andres, Renaud, l'équipe de Frank Tatouages (gros merci à tous). Je n’oublie pas mes parents qui ont supportés mes conneries de graff et je garde le meilleur pour la fin comme on dit pour NADEGE et ALEX ma petite famille.

Merci Pares d’avoir répondu à mes questions.
Un amateur éclairé qui a fréquenté et très bien connu les anciens dont vous parliez m’a écrit récemment sur le site « Graffitis encore et toujours, ils poussent comme les fleurs des champs…librement » Alors Pares, c’est avec cette jolie phrase pleine de poésie que je souhaite une bonne éclosion à vos œuvres.

Propos recueillis par Mr Yak au Havre le 09-09-09.

Plus de graffs dans la mini galerie de Pares.













































 

Commentaires  

 
0 #1 Laurent 02-10-2009 02:27
Tu as mené de stylo de maître ton entretien avec Pares... il a parlé avec confiance de son parcours, ses envies, sa façon de graffer...
Pares me paraît être quelqu'un de sensé et le fait qu'il ait connu Jimmy (Phynes) me le rend sympathique ! Jimmy aimait graffer mais il s'en servait aussi comme exutoire à son mal-être ! Nos conversations me manquent !
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0 #2 Mr Yak 02-10-2009 13:08
Merci Laurent pour ton témoignage car tous les graffeurs n'ont pas les mêmes motivations devant le mur.
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